Ce sentiment d'apaisement après une bonne séance de sport, ce fou rire qui détend tout le corps, ou cette sensation de flot après un moment intense : ce sont les endorphines qui agissent. Moins connues que la dopamine ou le cortisol, elles sont pourtant essentielles à notre bien-être émotionnel, surtout face à la douleur, au stress et aux moments de crise.
Les endorphines, nos morphines naturelles
Les endorphines sont des neuropeptides produits naturellement par le cerveau, en particulier dans l’hypothalamus et l’hypophyse. Leur nom associe les termes « endogène » — qui signifie produit par l’organisme — et « morphine », en raison de leur effet analgésique. Elles agissent comme de véritables antidouleurs internes, en bloquant la transmission des signaux de douleur et en procurant une sensation de soulagement, parfois même d’euphorie.
Le corps sécrète ces substances dans différentes situations. Elles peuvent apparaître lors d’un stress intense ou en réponse à une douleur physique, comme une tentative de protection face à ce qui semble insupportable. Elles sont également libérées après un effort physique prolongé, lorsque le mouvement devient une forme de régulation. On les retrouve aussi dans des moments d’expression émotionnelle forte, comme un rire sincère, des pleurs profonds ou encore certains états méditatifs ou de relâchement, où le système nerveux retrouve un équilibre apaisant.
Endorphines et émotions
Lorsque les endorphines sont bien sécrétées, elles contribuent à un apaisement global du système nerveux. Le corps devient plus tolérant à la douleur ou à l’effort, l’esprit s’ouvre à des sensations de légèreté, parfois de plaisir diffus, sans avoir besoin d’intensité particulière. Cet équilibre interne renforce également la capacité à traverser les épreuves avec plus de recul, en gardant un certain ancrage, une solidité douce face à ce qui secoue.
À l’inverse, un manque chronique d’endorphines peut fragiliser la personne sur plusieurs plans. La douleur physique ou émotionnelle devient plus difficile à supporter, la tristesse semble s’installer en toile de fond, et une sensation de lourdeur persiste malgré les efforts. Peu à peu, le goût pour les plaisirs simples s’estompe, laissant place à une impression de vide ou de fatigue existentielle.
En Gestalt-thérapie : accueillir ce qui soulage
En Gestalt-thérapie, on observe attentivement la manière dont une personne entre en contact avec ce qui la soutient : ce qui l’apaise, la régule, ou l’aide à traverser des moments d’adversité. Les endorphines jouent souvent un rôle discret mais essentiel dans ces processus. Elles s’activent dans les moments de décharge émotionnelle, quand quelque chose se libère dans le corps — un rire, un pleur, un relâchement profond — et que l’organisme peut enfin souffler.
En thérapie, cette activation peut surgir après une prise de conscience intense qui ouvre à un apaisement inattendu, ou au moment où le corps se relâche après avoir porté une tension trop longtemps. Parfois, c’est un rire partagé, une émotion vraie, qui vient traverser la séance et restaurer, ne serait-ce qu’un instant, la sensation d’exister pleinement, d’être vivant·e, présent·e, en lien.
Comment stimuler ses endorphines naturellement ?
Stimuler naturellement les endorphines, c’est offrir au corps des occasions de retrouver un apaisement profond par des gestes simples, accessibles et nourrissants. Le mouvement en est une porte d’entrée puissante : marcher longtemps, danser, nager, bouger à son rythme — sans chercher la performance — suffit à réactiver cette chimie du soulagement intérieur.
Le corps se libère aussi par l’émotion. Rire, pleurer, chanter sont autant de moyens d’ouvrir des espaces d’expression où les tensions peuvent se relâcher. Les moments de connexion sensorielle, comme un bain chaud, un massage ou une étreinte sincère, viennent envelopper le système nerveux d’un sentiment de sécurité et de douceur.
Enfin, l’émerveillement joue un rôle clé. Qu’il passe par la création artistique, la contemplation de la nature, la musique ou un instant suspendu, il offre un contact direct avec la beauté du vivant. Ce sont souvent ces moments de sincère présence à soi et à l’autre qui permettent aux endorphines de circuler librement, et de restaurer une sensation de plénitude intérieure.
En conclusion
Les endorphines sont nos alliées de résilience : elles nous aident à traverser, à relâcher, à continuer malgré les épreuves.
Elles ne viennent pas du contrôle ou de l'effort, mais du lâcher-prise et du contact avec ce qui est vrai.
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Pour aller plus loin
Vous pouvez maintenant lire ou relire les autres articles de la série sur les émotions primaires :
- Émotions et hormones : comprendre nos réactions pour mieux nous relier à nous-mêmes
- Ocytocine : l'hormone du lien, du calme et de la confiance. Elle favorise les émotions d'attachement, de sécurité affective et de proximité relationnelle
- Cortisol : l'hormone du stress et de la vigilance. Elle déclenche nos réactions face à la menace, mais peut nous enfermer dans l'alerte permanente
- Adrénaline : l'hormone de l'urgence et de la réactivité. Elle agit comme un accélérateur corporel, nous préparant à agir rapidement, parfois au détriment de notre régulation émotionnelle
- Dopamine : l'hormone du plaisir, de la quête et de l'élan. Elle est liée à la motivation et au désir, mais peut nous entraîner dans une course sans fin vers la gratification
- Sérotonine : l'hormone de la stabilité, de l'humeur et de l'estime de soi. Elle soutient notre calme intérieur, notre humeur stable et notre sentiment de valeur personnelle