Avaler les croyances sans les questionner
L’introjection est l’une des premières interruptions du cycle du contact décrites en Gestalt-thérapie. Elle correspond au moment où une personne intègre des valeurs, des règles ou des croyances venues de l’extérieur sans les examiner, comme si elle les "avalait" toutes crues. Ces "introjects" deviennent alors des repères internes rigides : "il faut être fort", "je dois réussir", "je ne dois pas déranger".
À l’origine, ces messages ont souvent eu une fonction protectrice ou éducative. Ils ont aidé l’enfant à s’adapter à son environnement. Mais, à l’âge adulte, ils peuvent étouffer la spontanéité, créer de la culpabilité ou empêcher d’écouter ses vrais besoins.
Comment naît l’introjection
L’introjection se met en place très tôt. L’enfant apprend par imitation et par loyauté : il prend les modèles parentaux comme référence. Si l’environnement valorise la performance, il intègre que sa valeur dépend de ce qu’il accomplit. Si l’affectivité est restreinte, il apprend à ne pas montrer ses émotions.
Peu à peu, ces messages deviennent invisibles : on ne les entend plus, on croit qu’ils font partie de soi. Pourtant, ils continuent d’agir comme des commandements intérieurs, coupant du ressenti authentique.
C’est à ce moment que la Gestalt-thérapie devient un espace privilégié pour remettre en mouvement ce qui était figé.
Reconnaître ses "introjects"
En Gestalt-thérapie individuelle à Vitry-sur-Seine, l’une des premières étapes consiste souvent à repérer ces voix intérieures qui dictent des devoirs ou des interdits. Le thérapeute invite à les écouter, à les questionner, sans chercher à les rejeter. L’objectif n’est pas de se débarrasser de ses valeurs, mais d’en redevenir acteur conscient : choisir ce que l’on garde, transformer ce qui pèse, et redonner du sens à ce que l’on fait "par habitude".
Ce travail permet peu à peu de distinguer ce qui vient de soi de ce qui vient de l’autre - une étape clé du processus de différenciation.
Les effets de l’introjection dans la vie quotidienne
Une personne dominée par ses introjects peut avoir l’impression de vivre selon les attentes des autres : parents, société, conjoint, hiérarchie. Elle peut se sentir "en règle" mais pas "en vie". Les émotions sont souvent contenues, les envies reportées, la fatigue ignorée.
Dans la relation, cela se traduit par une difficulté à dire "non", à poser des limites, à affirmer une position. Le contact avec l’autre devient alors déséquilibré, car il repose sur l’adaptation plutôt que sur la rencontre réelle.
A Villejuif, en thérapie individuelle Gestalt, ce travail permet souvent de prendre conscience du poids de ces "il faut" et de retrouver un espace plus libre pour choisir sa manière d’être.
Quand l’introjection se défait
En séance, le travail peut consister à donner voix à ces messages intérieurs : les nommer, les incarner, parfois même les faire dialoguer entre eux : "Tu dois toujours être parfait." "Et si, aujourd’hui, j’acceptais d’être juste humain ?" Cette mise en mouvement crée un espace de liberté : la personne retrouve le droit d’éprouver, de douter, d’inventer.
En avançant sur ce chemin, il devient plus facile de repérer d’autres manières de rompre le contact, comme la projection, qui consiste cette fois à attribuer à l’autre ce que l’on n’ose pas reconnaître en soi.
Ce processus s’inscrit dans le cycle du contact, juste après la phase de sensation et la prise de conscience. Là où la sensation ouvre le mouvement, l’introjection peut venir le bloquer - mais, une fois reconnue, elle devient une porte d’entrée vers plus de choix et de présence.
Conclusion
L’introjection est une forme d’interruption du contact profondément liée à notre histoire. Elle montre comment nous avons intégré le monde, parfois au prix de notre liberté. La Gestalt propose de revisiter ces héritages pour en faire des appuis conscients plutôt que des carcans invisibles.
En retrouvant le droit d’examiner ce que nous portons, nous retrouvons le goût d’exister par nous-mêmes - dans une relation plus vivante, plus sincère, plus humaine.